Et mon père Quand vous dansiez en ce temps-là, Pas besoin de pédale wah-wah. C'était pas la bossa nova Mais ça remuait bien déjà. Les caves étaient profondes Et la ronde Ne s'arrêtait pas. Un vieux piano bastringue Et les dingues Tournoyaient déjà. Et Juliette avait encore son nez. Aragon n'était pas un minet. Sartre était déjà bien engagé. Au Café de Flore, y avait déjà des folles Et mon père venait de débarquer. Il hantait déjà les boutiquiers. Dans sa chambre, on troquait du café. Il ignorait qu'un jour, j'en parlerais. Quand vous flirtiez en ce temps-là, Vous vous touchiez du bout des doigts. La pilule n'existait pas. Fallait pas jouer à ces jeux-là. Vous vous disiez "je t'aime", Parfois même Vous faisiez l'amour. Aujourd'hui, deux salades, Trois tirades Et c'est l'affaire qui court. L'oncle Adolf s'était déjà flingué. Son Eva l'avait accompagné, Des fois qu'il aurait voulu draguer: Qui sait si, là-haut, il n'y a pas des folles Et mon père allait bientôt planter Cette graine qui allait lui donner Ce débile qui essaie de chanter. Il ignorait que viendraient mes cadets. Quand vous chantiez en ce temps-là, L'argent ne faisait pas la loi. Les hit parades n'existaient pas, Du moins, ils n'étaient pas de poids. Tu mettais des semaines Et des semaines, Parfois des années. Si t'avais pas de tripes, Ta boutique, tu pouvais la fermer Et Trenet avait mis des années, Brassens commençait à emballer Et Bécaud astiquait son clavier. Monsieur Brel ne parlait pas encore des folles Et mon père venait de débarquer Là ou restait quelque humanité, Là où les gens savaient encore parler De l'avenir... même s'ils sont fatigués. Et Juliette avait encore son nez. Aragon n'était pas un minet. Sartre était déjà bien engagé. Au Café de Flore, y avait déjà des folles Et mon père venait de débarquer Là ou restait quelque humanité, Là où les gens savaient encore parler De l'avenir... même s'ils sont fatigués. |